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Pourquoi se blesse-t-on?

Aucune blessure n’est le fruit du hasard

Ian King

La blessure est déterminée par plusieurs facteurs –  et contrairement à ce que l’on voudrait bien croire : peu sont dus au « hasard ».

Le hasard est un évènement fortuit ; dont on ne peut expliquer l’apparition. C’est justement tout le contraire d’une blessure, dont on peut et surtout doit expliquer l’apparition si l’on désire se protéger contre d’autres blessures à venir.

Je distinguerai trois types de blessures :

  • Les blessures sans contact : lésions musculaires, déchirure, élongation, claquage, etc.

Les blessures traumatiques : entorses, luxation, fractures

  • Sans choc : survient lors d’une course, changement de direction, réception d’un saut
  • Avec choc : survient lors d’une déstabilisation externe (via un adversaire ou partenaire)

On remarque souvent une certaine hiérarchie : certaines blessures seraient « acceptables » et d’autres moins. Les blessures sans contact (déchirure à l’ischio) seraient globalement évitables – mais personne ne dit comment. Les blessures traumatiques sans choc le seraient un peu moins : « c’est parce que tu fais pas de muscu aussi ! » lors d’une rupture des ligaments croisés sur un changement de direction, ou « c’est parce que t’es trop lourd » sur une entorse de la cheville après un saut. Ces affirmations peuvent recouvrir une certaine vérité cependant, bien qu’elles soient très simplistes et réductrices.

Pour finir, les blessures traumatiques avec choc seraient inévitables, un coup du destin : « c’est la faute à Pas-de-chance » lorsqu’un adversaire nous force à la torsion d’un genou avec le pied qui reste au sol. Cela est relativement moins évitable que les deux blessures précédentes, mais je suis convaincu que la majorité de ces blessures peuvent – et doivent ! – être évitées.

Les 3 S

J’ai identifié 3 principaux déterminants de la blessure :

  • Déterminants structurels
  • Déterminants situationnels
  • Déterminants spécifiques

J’ai choisi ces mots par soucis de simplicité, et pour les retenir facilement. Ils pourraient être remplacés par d’autres : là n’est pas l’important. Ce qui importe est ce qu’ils signifient.

Les déterminants structurels

La structure renvoie à la construction, de charpente, de fondations. La structure comprend tous les éléments qui font le sportif (l’athlète dirait-on), indépendamment du sport pratiqué : l’équilibre entre les chaines musculaires, la relation tension-longueur de ses muscles, son anatomie particulière, sa proportion en fibres rapides/lentes, etc.
De ces déterminants, dont j’ai commencé une liste (très succincte), lesquels sont totalement indépendants de l’individu ? Mieux, lesquels sont totalement hors de son contrôle (ou de quelqu’un de qualifié) ? Très peu.

 La génétique, le passif sportif, sont des choses contre lesquelles on ne peut agir. Cependant on peut toujours agir pour rééquilibrer : par exemple si la nature m’a doté de membres qui favorisent le développement de mes quadriceps pour x raisons, je pourrais toujours travailler les ischios-jambiers en priorité pour éviter un déséquilibre néfaste. Cela est applicable a pratiquement chaque aspect de notre nature a priori « indépendants » de notre volonté, et dus au « hasard ».

Il est à noter que je parle uniquement de caractères structurels qui créent ou favorisent les blessures, non qui favorisent la performance ; si par exemple je suis naturellement très petit cela sera (a priori) un frein pour atteindre le haut niveau, et je ne pourrais rien y changer.

La structure correspondrait à ce qui constitue la voiture en elle-même, sa construction : le moteur, le châssis, le réservoir, les roues.

Les déterminants situationnels

La situation est définie ici par l’ensemble des événements, des circonstances, des états, qui vont modifier ponctuellement la structure. La situation prend donc en compte l’état de fatigue ou de forme physique, les conditions d’entrainements récentes, la récupération suite aux séances.

De ces déterminants situationnels, certains sont à priori indépendants du sportif s’il ne décide pas de son programme d’entrainement : le volume d’entrainement en est le principal déterminant. Cela pourra également être lié à une situation personnel comme des nuits plus courtes ; une quantité de travail ponctuellement plus élevé ; une situation de stress lié à une relation par exemple.

 Cela concerne donc tout stimulus qui serait inhabituel par sa quantité (volume d’entrainement) ou par son caractère (un nouveau type d’entrainement).

Cependant, comment il gère sa récupération dépend essentiellement de lui. Il est également de son ressort de dialoguer avec son entraineur, ses préparateurs physiques et kinés s’il en dispose, de son état de forme ou méforme.

Ces déterminants sont influencés par les déterminants structurels.

  • Un volume d’entrainement plus élevé sera mieux toléré si le corps a appris à le digérer

Exemple : un entrainement supplémentaire, des séances plus longues ou intenses

  • Un stimulus inhabituel (nouveau type d’entrainement) sera mieux toléré si le stimulus est déjà connu et qu’on sait comment y faire face.

Exemple : un entrainement axé sur le physique, ou sur une surface différente

  • Un évènement personnel générateur de stress sera mieux géré si la résistance au stress et la préparation mentale est travaillée.

Exemple : rupture de couple, problème familial

La situation correspondrait donc à l’entretien courant de la voiture : les niveaux d’essence et d’huile, les plaquettes de frein, les pneus adéquats.

Les déterminants spécifiques

Ce sont essentiellement les conditions précises de la blessure. L’action précise menant à la blessure, la position du corps, le choix fait par le joueur sur l’action/

Pour continuer sur l’analogie automobile : c’est l’accident.

Lors d’un accident automobile, dans combien de cas est-on absolument irresponsable ? Très peu. Ne pas être le fautif ne signifie pas que l’on n’a pas une part de responsabilité. En sport, j’en suis venu à la conclusion que c’est pareil.

Chaque blessure peut s’expliquer via l’un ou plusieurs des déterminants présentés ci-dessus. Chaque niveau instable créé les conditions propices à une instabilité du niveau au-dessus et donc à l’arrivée de la blessure :

  • Une structure non-saine favorise des situations à risque
    • Exemple : un déséquilibre quadriceps>ischio-jambier créé une fatigue supérieure des ischio-jambier, menant à terme (court ou plus long) à la blessure.
  • Une situation à risque mène à des attitudes sportives néfastes
    • Un match joué en état de surentraînement (accumulé sur la semaine) mène à des décisions de jeu inhabituelles = se sentant fatigué, le joueur peut tenter de compenser autrement et créera une contrainte supplémentaire.

Plus simplement, un joueur fatigué va perdre en lucidité et faire des choix de jeu qui vont le mener à la blessure « inévitable »

Exemple : un footballeur lancé dans un sprint au-delà de ses capacités n’aura pas eu la réactivité d’esquiver un tacle dangereux – qu’il aurait esquivé s’il était en parfaite forme ou s’il n’avait pas tenté le sprint inconscient.

Vous me direz que c’est la faute du défenseur qui fait un tacle dangereux. Le défenseur est en effet fautif. Mais selon moi, le joueur aussi. Le joueur est responsable de sa lucidité, de son état de forme actuel (situation) et de ses capacités physiques (structurel) : il doit donc adapter ses actions (spécifiques) en conséquences.

Pas coupable mais responsable

Le coupable n’est pas le défenseur. Le coupable c’est le tout, formé par les déterminants et par le paramètre inconnu (ici le défenseur). Je considère donc que les blessures due intégralement au hasard sont extrêmement minoritaires. Il y en a, sans aucun doute.

Réduire le paramètre inconnu

Le paramètre inconnu c’est tout simplement ce que l’on ne connait pas et que l’on ne maitrise pas. Mieux : c’est ce que l’on ne peut pas connaitre et que l’on ne peut pas maitriser. Ici, le tacle du défenseur peut être connu puisque cette situation arrive fréquemment au football ; on peut cependant plus ou moins le maitriser – certains tacles sont effet imprévisibles ou inévitables. Que faire alors ? Optimiser tout ce qui est en notre pouvoir pour pouvoir réagir au mieux dans le cas d’une blessure vraiment inévitable. Cela nécessite une préparation physique de qualité, un investissement personnel, un dialogue avec son/ses entraineur, une récupération idéale, et écouter son corps.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les raisons de vos blessures passées, et comment les éviter à l’avenir, je peux probablement vous aider, comme j’ai aidé d’autres sportifs.

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